C’est une magistrale leçon de mode que nous livre la rétrospective Yves Saint Laurent. Réunies pour la première fois, quelque 300 pièces couture et prêt-à-porter offrent une vue imprenable sur les quarante années de création du couturier disparu. A découvrir jusqu’au 29 août au Petit Palais à Paris.
De gauche à droite: collection automne-hiver haute couture 1976, collection printemps-été haute couture 1971, collection automne-hiver haute couture 1990 | Construite pour offrir au visiteur une "progression théâtrale" dans l’univers du couturier, l’exposition retrace ainsi les différentes évolutions de "l’allure" Saint Laurent. Avec enchantement, on redécouvre la collection "Trapèze" qui marque les débuts chez Christian Dior en 1958, les collections Haute Couture teintées d’exotisme inspirées de l’Inde, de l’Afrique, de la Bohême ou encore de la Russie des tsars. Plus loin, on replonge avec plaisir dans les années 1960 qui ont vu l’arrivée révolutionnaire du tailleur-pantalon, de la saharienne ou encore de la tunique. Autant de rappels à l’esprit visionnaire d’un couturier qui a voulu habiller la rue. On savoure aussi les audaces, comme en 1971 lorsque Yves Saint Laurent présente la "collection du scandale". Alors que la mode de l’époque est au style hippie, le couturier ose une collection inspirée des années 1940 qui mise sur le glamour, les jupes courtes, les robes à porter seins nus ou encore les imposantes fourrures. De gauche à droite: collection automne-hiver haute couture 1983 et robe Belle de Jour 1967 | C’est aussi la rencontre avec le monde de l’art et des écrivains. En 1965, Yves Saint Laurent présentera une collection inspirée de Mondrian. Elle marque alors son premier "dialogue" avec la peinture comme il les appelait, suivi par la suite de nombreux autres, notamment avec Wesselman, Poliakoff, Van Gogh, Matisse ou encore Picasso, mais aussi Cocteau, Apollinaire, Lalanne. Et mises bout à bout, les pièces révèlent la richesse créative du couturier qui n’a pas hésité à décloisonner les arts. Puis, au détour d’une salle, apparaît un magistral mur de smoking noir. Près de quarante sont présentés, déclinant "l’astre noir" en tailleur-pantalon, tailleur-jupe, bermuda ou encore jumpsuit. Enfin c’est une avalanche de couleurs qui mène à la projection de l’ultime défilé, celui du 22 janvier 2002 au Centre Pompidou au cours duquel Yves Saint Laurent faisait ses adieux à la mode. |